*** Paysages (bis) ***

Dunes dans l'espace - Huile de Pierre Coutreau
http://www.coutreau.net 

 

 

*** Le Ruisseau ***

 

Les rendez-vous d'automne

huile de Claude Guigné
http://claude-guigne.net

 Dans le champêtre berceau
De la campagne fleurie,
Le joli petit ruisseau
Va dans la verte prairie.

Son onde limpide et sage
Qui gazouille doucement
Emporte la fleur sauvage
Qu’il berce inlassablement.

La libellule légère
S’attarde sur un roseau.
Le soir venu, la  bergère
Y fait boire son troupeau.

Autrefois, la lavandière,
Dans la rosée du matin,
Au courant de l’onde claire
Rinçait son jupon de lin.

L’agnelet de La Fontaine,
Pauvre innocent égaré,
Sans craindre sa fin prochaine,
Pourrait s’y désaltérer.

Quand vient la fin de l’automne,
Quand décembre est décevant,
Son eau se ride et frissonne
Sous la morsure du vent.

Mais malgré le temps qui passe,
Les bons ou les mauvais jours,
Tout ce qui vit et trépasse,
Le ruisseau coule toujours.

Même si son aventure
A la rivière prend fin,
Dans son berceau de verdure,
Il s’en va vers son destin.

Au pied du courant - pastel d'Hildegarde Carle
 http://sites.rapidus.net/hildeg/

 

Renée Jeanne Mignard

 

*** Février ***

 

L'Indre dans le Brouillard

 photo de Renée Jeanne Mignard

Aujourd’hui, tout est flou, noyé dans la grisaille.
Le brouillard s’est levé, mais il s’attarde encor.
Les oiseaux sont muets, gîtent vaille que vaille,
Février se languit dans ce morne décor.

Le hêtre dénudé n’est plus que noir squelette.
Plus un seul rameau vert, plus une feuille au cœur.
On dirait que le ciel lui caresse la tête.
Les nuages sont bas dans ce jour sans lueur.

Au hasard des sentiers de la forêt qui tremble,
L’automne a défeuillé le chêne, le bouleau.
Sur la berge de l’Indre où nous allions ensemble,
Des corbeaux affairés piètent au bord de l’eau.

L’eau qui coule, sereine, emportant avec elle
Les rêves du printemps, les espoirs de l’été.
Le souvenir de nous, notre  amitié fidèle,
Et l’écrin de tes bras pour mon cœur tourmenté.

Un rayon de soleil a percé les nuages.
A l’horizon le ciel ouvre ses yeux d’azur.
Je sais que très bientôt, comme un heureux présage,
L’hirondelle viendra nicher dans le vieux mur

L' Indre sereine -

 photo de Renée Jeanne Mignard

 

Renée Jeanne Mignard

*Sonnet à la ville endormie*

Une nuit au Pont Neuf -  Claude Theberge
http://claude-guigne.net

Que c’est mystérieux une ville qui dort,
Fenêtres volets clos, ses ruelles désertes,
Le silence profond de ses maisons offertes
Au regard du rôdeur, qui jamais ne s’endort.

Pourtant on veille encor dans le bistrot du port
Où l’on chante, où l’on boit à futailles ouvertes.
Le marin qui se livre aux caresses expertes
Sera pauvre demain, mais bénira son sort.

Le passant attardé qui pour rentrer se presse,
Ne sait pas que déjà, la nuit enchanteresse
Etend sur la cité son manteau de velours.

Jusqu’à l’éveil d’Eos, qui déchire ses voiles,
Neuve chaque matin, recommencée toujours,
La ville va bercer ses  myriades d’étoiles.

Ville endormie - photo A contre sens
http://www.acontresens.com

 

Renée Jeanne Mignard

*** Féerie ***

Féérie - de Dimitri Xenakis
http://dimitri.xenakis.free.fr

Au cœur de la forêt, sous la voûte étoilée,
On peut voir dès minuit s’avancer une fée.
Les hôtes des sous-bois s’y donnent rendez-vous.
Madame la hulotte et Monsieur le hibou,
Installés tous les deux sur un arbre qui penche,
Attendent dès le soir, et sur la même branche,
Le spectacle charmant et l’image très douce,
De ces petites fées tournoyant sur la mousse.

Elles ont robes d’or, et roses sur la tête.
A petits cris joyeux, du bout de leur baguette,
Comme pour annoncer du printemps le retour,
Changent en un clin d’œil le décor alentour.

Le sapin rabougri se redresse, scintille.
Le grand chêne noueux de frais bourgeons s’habille.
Le corbeau sait chanter, et cet oiseau maudit
Devient en un instant oiseau de paradis.
La taupe voit enfin, vole avec libellule,
Et les petites fées dans leur robe de tulle,
Eveillant les échos de leur rire argentin,
Sont partout à la fois, de minuit au matin.

« Un peu de poudre d’or sur le grand marronnier.
Des perles de rubis aux branches du mûrier.
Faisons de  l’arbre mort un beau Prince charmant.
De Madame souris la belle au bois dormant.
Accordons au crapaud une vraie nuit d’extase,
Au cheval claudicant les ailes de Pégase.
Que soit vide toujours le sac du braconnier,
Et que Jeannot lapin danse dans son terrier"
Entraînant leurs amis dans une ronde folle,
Les fées aux pieds légers dansent la farandole.

Mais le coq a chanté. Son bref cocorico,
De ce monde hors du temps vient de troubler l’écho.
Et la déesse Eos, de ses doigts lumineux,
A fait fuir les acteurs du rêve merveilleux.
La forêt redevient sombre, silencieuse.
Dame Lune là-haut, blanche, mystérieuse,
Spectatrice comblée de cet acte d’amour,
Va refermer les yeux pour ne plus voir le jour.

Adieu donc farfadet, lutin et ver-luisant.
Adieu non, au revoir,car dès le soir tombant,
Je vous retrouverai à la fontaine claire,
Au royaume si beau, si extraordinaire,
Quand sur l'herbe du bois,sous la voûte étoilée,
Je verrai dès minuit s'avancer une fée.

Eblouissant - de Johanne Siminaro
http://www.siminaro.com

 

Renée Jeanne Mignard

*** Le Lavoir ***

Le lavoir de Dornecy - photo de Marie-Claire
http://claireimage.ns5.wistee.fr

Jadis, le mollet vif, la réplique maligne,
Devisant ou chantant tout le long du chemin,
Elles allaient porter, par le champ et la vigne,
Leur panière de linge au lavoir du moulin.

Elles s’agenouillaient sur les méchantes planches
Savonnaient et brossaient à gestes généreux,
Riaient et jacassaient en retroussant leurs manches
Le battoir bien en main rythmant leurs cris joyeux.

Tandis qu’elles rinçaient camisole ou corsage,
Qui dans l’onde claquait ainsi que voile au vent,
Elles riaient plus fort en penchant leur visage
Qu’elles voyaient flotter dans le miroir mouvant.

Devant l’eau qui moussait, devenait opaline,
Tordant le caraco de coton ou de lin,
Pouvaient-elles penser alors qu’une machine
Condamnerait un jour le lavoir du moulin.

Il en existe bien dans quelques coins de France
Que touriste zélé se plaît à découvrir.
Mais ces lieux qui vivaient ne sont plus que silence.
Il n’en subsiste plus qu’un lointain souvenir.

Le lavoir de Montbazon -

photo de Renée Jeanne Mignard

 

Renée Jeanne Mignard

*La Chapelle Oubliée*

La vieille chapelletoile de Claire Gauthier
http://pages.videotron.com/artcg/

Dans un hameau perdu, au cœur de l’ Indre et Loire,
Cachée dans l’aubépine et les buissons de houx,
A l’écart des grands noms  et des chemins de gloire,
Je sais une chapelle abandonnée de nous.
Il y a bien longtemps que les gens du village
Ont oublié les pas qui les menaient ici.
Bien longtemps que porteur de la parole sage,
Le pasteur n’est venu rassurer ses brebis.

Le silence est cruel dans la nef endormie
Que parfumait jadis la fumée de l’encens,
D’où montaient vers le ciel les hymnes à Marie.
Le vieil harmonium est muet à présent.
Sur le bord d’un prie-Dieu un missel est couché.
Le confessionnal qui ne sert plus à rien
Garde le souvenir du coupable péché
Qu’on venait chuchoter, chapelet dans la main

Les promis de l’année y venaient s’épouser.
La messe de minuit était fervente, belle,
Et près du nouveau-né qu’on venait baptiser,
Les anges protégeaient  la petite chapelle.
Mais les temps on changé. Le hameau délaissé
A vu partir ses fils un par un pour la ville,
Et vivant à demi, les vieux au coeur lassé
Ont chassé le saint-lieu de leur rêve tranquille

Vibrera-t’elle  dis, la cloche à la veillée.
Combien s’écouleront d’automnes, de printemps
Avant que de revoir la foule agenouillée,
Priant dans la chapelle oubliée par le temps.

Chapelle - aquarelle de Patrick Raynal
http://tresorscolores.com

 

Renée Jeanne Mignard

*** Hiver en Provence ***

Mas en Provence - huile de Fred Usclat
http://fred.usclat.free.fr

Plus une rose au rosier, septembre l’a dépouillé,
L’hiver s’installe déjà, et dans l’âtre tu vois,
Brûle le feu de bois.
Les oiseaux sont malheureux, et dans le jardin frileux,
Pleurent les beaux jours perdus,
Le soleil disparu qui ne les aime plus.

Sur la plage déserte enfin,
Les mouettes chaque matin dansent un ballet sans fin
Avec le sable et les coquillages.
Plus de bateaux sur la mer, plus d’hirondelles dans l’air.
Parfois le matin très tôt,
Seul un vol d’étourneaux perce le gris du ciel.
Sur le golfe sans voiliers, les jardins et les halliers,
Quelquefois un gros orage
En chassant les nuages nous offre un arc-en-ciel.

Calme et monotone comme le bonheur,
L’hiver qui frissonne apaise mon cœur.

Chaise-longue abandonnée sur la terrasse mouillée.
Laurier-rose qui sommeille
Fontaine sans abeilles sous le pin parasol.
Est morte la vigne vierge aux murs de la vieille auberge,
Les fleurs des bougainvillées
Aux graines étoilées reposent sur le sol.

Promenade à pas pressés.
Mais croyez-moi je le sais, si mistral vient à passer,
Mieux vaut éviter les escapades,
A la fin de la journée, du feu dans la cheminée,
Toi et moi main dans la main
Sûrs de notre demain dans le tiède décor.
Et c’est ainsi chaque année, quand la saison terminée,
La maison porte fermée comme à l’accoutumée
Jusqu’au printemps s’endort.

Calme et monotone comme le bonheur,
L’hiver qui frissonne apaise mon cœur.

Collines de Théoule - William Langree
http://www.peintures-provence.com

 

Renée Jeanne Mignard

*La Vieille Maison*

Volets bleus - aquarelle de Séverine De Clercq
 http://danielarsene.free.fr

Ce n’est qu’une maison, et rien qu' une chaumière.
Une glycine bleue court sur la vieille pierre.
Des roses, des lilas au printemps voient le  jour,
Et des bouquets de buis se dressent tout autour.
On voit devant la porte un vieux banc vermoulu.
Mais depuis bien longtemps, nul ne s’y assoit plus.
Personne ne vient plus tirer le seau rouillé
Du puits abandonné sous novembre mouillé.

Le jardin envahi par l’ortie qui le cerne
Ne donne que chiendent, folle avoine, luzerne.
Un volet claque au vent quand le temps est en rage.
La grille en fer forgé qui grince sous l’orage
A depuis bien longtemps perdu gonds et verrous.
Du temps qu’elle vivait, vous en souvenez-vous,
La maison résonnait de rires et de chants.
Qu’elle est triste à présent, sous les soleils couchants.

Naguère, dans la cour, si j’ai bonne mémoire,
Accrochée au tilleul pendait la  balançoire.
Souvent, dans la soirée, sous le ciel des étés,
De joyeux cris d’enfants, par le vent apportés,
Disaient assez combien les gens étaient heureux
Dans la maison modeste, avec ses volets bleus.

Mais le temps a passé, mais le temps s’est enfui.
Les enfants ont grandi, chacun d’eux est parti
Pour aller vivre ailleurs, au pays d’à  côté,
Et dans l’humble maison, seul l’aïeul est resté,
Qui a vécu un peu, et puis s’est endormi,
Tout doux, tout doucement, un soir de mai joli.

Prisonnière depuis de la ronce qui croche,
La maison aux yeux clos est là, comme un reproche.
Mais j’espère pourtant qu’à la belle saison,
Le bonheur reviendra dans la vieille maison.
Alors, les soirs d’été, nous entendrons souvent,
De joyeux cris d’enfants, apportés par le vent.

La vieille maison - Toile André Juloen

http://www.lepinceaudart.ca

 

Renée Jeanne Mignard

*Maison à la campagne*

Acrylique de Pierre Coutreau
http://coutreau.net

 *** L'Hiver ***

Toile de Angelina Lavernia
http://francois.batet.free.fr

***La Levée du Jour***

 Huile sur canevas d' André Julien
www.lepinceaudart.ca 

Les poèmes de Renée Jeanne Mignard sont la propriété de l'auteur. Tout usage quel qu'il soit est interdit sans son approbation. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’ auteur ou des ayants droit est illicite et constitue un délit de contrefaçon passible de 3 ans de prison et 300.000 euros d’amende. (Code de la propriété intellectuelle) Loi du 11 mars 1957.

 

 

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